Un de nos journalistes, Jack Maldosh, a eu la chance, la joie et l’honneur de rencontrer Duom Nil’ Erg, un des principaux personnages de La Quête d’Ewilan. Le célèbre analyste s’est prêté au jeu des questions et des réponses qui est intégralement retranscrit ci-dessous.
Jack Maldosh : Bonjour, maître Nil’ Erg, et merci d’avoir accepté le principe de cette entrevue.
Duom Nil’ Erg : Bonjour. Pour ce qui est de ma collaboration, je n’ai pas eu le choix !
Jack Maldosh : Que voulez-vous dire ?
Duom Nil’ Erg : Malgré les assertions de l’auteur, fort contestables d’ailleurs, nous, les personnages, avons très peu de liberté. Le libre arbitre est un concept qui n’existe pas d’où je viens. Vous êtes, je n’en doute pas, un homme charmant mais, voyez-vous, après sept cent cinquante pages de La Quête d’Ewilan, j’aurais volontiers échangé cet entretien contre un bain chaud suivi d’un massage.
Jack Maldosh : Je comprends…
Duom Nil’ Erg : Ellana ou Siam.
Jack Maldosh : Pardon ?
Duom Nil’ Erg : Pour le massage. Ellana ou Siam… Plutôt Siam en fait… Elle me plaît bien, cette petite…
Jack Maldosh : Euh… maître Nil’ Erg, La Quête d’Ewilan fut-elle une aventure aussi extraordinaire qu’on le raconte ?
Duom Nil’ Erg : Vous n’avez pas lu D’un monde à l’autre ?
Jack Maldosh : Si, bien sûr, mais j’aurais souhaité avoir votre avis personnel.
Duom Nil’ Erg : Eh bien, je dois avouer que ce ne fut pas de tout repos. Certains moments ont été très difficiles.
Jack Maldosh : Les Ts’liches ? Les mercenaires du Chaos ?
Duom Nil’ Erg : Non, l’odeur !
Jack Maldosh : L’odeur ?
Duom Nil’ Erg : Oui, l’odeur ! Bjorn sent atrocement mauvais des pieds.
Jack Maldosh : Ah… Pouvez-vous nous parler de la fuite dans la forêt, ce moment dramatique où, si je ne m’abuse, vous avez failli être victime d’une crise cardiaque ?
Duom Nil’ Erg : Du cinoche !
Jack Maldosh : Qu’entendez-vous par là ?
Duom Nil’ Erg : L’auteur avait besoin d’un vieil analyste, sage et cacochyme. J’étais le seul analyste disponible, je suis sage mais, manque de bol, je pète la forme. À titre anecdotique, je vous signale que je participerai en juin prochain au marathon d’Al-Jeit. Pour la scène à laquelle vous faites allusion, j’ai joué la comédie, ce qui est, somme toute, assez logique vu que je suis payé pour ça. Si j’avais mis la pêche, les Raïs ne nous rattrapaient pas et tout le chapitre partait en… euh… s’effondrait. L’auteur ne me l’aurait pas pardonné.
Jack Maldosh : Je vois… Que pouvez-vous nous révéler de vos relations avec l’auteur justement ?
Duom Nil’ Erg : C’est un brave gars un peu monomaniaque.
Jack Maldosh : Mais encore ?
Duom Nil’ Erg : Plus de deux ans à écrire La Quête d’Ewilan, le jour, la nuit, à passer des heures pendu au téléphone avec son éditrice, à quasiment dormir avec son ordinateur… Je n’aurais pas aimé être à la place de sa femme !
Jack Maldosh : Mais en ce qui concerne vos relations avec lui ?
Duom Nil’ Erg : Joker ! Je suis encore sous contrat !
Jack Maldosh : Et avec les autres personnages ?
Duom Nil’ Erg : Ça dépend… J’aime beaucoup Salim qui est un garçon plein d’humour. J’ai un faible pour Ellana et Siam, je vous l’ai déjà dit. Maniel est un brave homme et Bjorn, l’odeur de ses pieds mise à part, a peu de vrais défauts. En fait, Edwin est le seul que je ne supporte pas.
Jack Maldosh : Ah bon ? Edwin est pourtant un héros.
Duom Nil’ Erg : Vous voulez dire un dictateur intransigeant, prétentieux et pas très futé ! Tous ses titres lui sont montés à la tête, il est imbuvable. Tenez, rien qu’à l’évoquer j’ai des plaques rouges qui me viennent sur les bras. Parlons de quelqu’un d’autre, voulez-vous.
Jack Maldosh : Ewilan ?
Duom Nil’ Erg : Une sacrée petite ! Avec des yeux à faire voler les poissons ! Dans quelques années, il y aura du remue-ménage sur son passage… Jean-Louis Thouard, vous savez, l’illustrateur, l’avait dessinée avec deux trois ans de plus que ce qui était écrit dans l’histoire ; cet abruti d’auteur l’a trouvée pas assez… enfin trop… Jean-Louis a dû rectifier. Dommage…
Jack Maldosh : Et ses qualités de dessinatrice ? Son Don est tout de même plus important que son physique ?
Duom Nil’ Erg : Sans commentaire.
Jack Maldosh : Comment ça ? Ewilan est la meilleure dessinatrice de Gwendalavir !
Duom Nil’ Erg : C’est ce que prétend l’auteur…
Jack Maldosh : Vous insinuez que…
Duom Nil’ Erg : Je n’insinue rien du tout !
Jack Maldosh : Mais…
Duom Nil’ Erg : Écoutez ! Si j’avais eu des yeux violets et un peu plus de cheveux, vous seriez sans doute en train de m’interroger sur La Quête de Duom ! J’espère que ça vous suffit comme explications parce que je n’ai pas l’intention de vous en révéler davantage. Je n’ai pas envie d’avoir des ennuis avec l’auteur.
Jack Maldosh : D’accord. Maître Nil’ Erg, dans le tome I D’un monde à l’autre, le lecteur vous découvre dans votre échoppe d’analyste. Pouvez-vous évoquer davantage votre métier ?
Duom Nil’ Erg : Volontiers. Un analyste a deux fonctions principales. Il teste le pouvoir des dessinateurs potentiels et assure la transmission des messages diffusés grâce au Don. Je vous signale tout de même que ces explications figurent dans le livre. Vous pourriez être plus attentif…
Jack Maldosh : Je vous prie de m’excuser… Une dernière question. Dans ce livre justement, votre rôle ne semble pas se limiter à celui du vieux sage. Vous êtes souvent mêlé à des scènes dont la dimension comique est flagrante. Je pense notamment au moment où Salim vous appelle papi.
Duom Nil’ Erg : Je vois de quelle scène vous voulez parler.
Jack Maldosh : Votre caractère paraît alors s’adoucir, vous devenez presque tendre. Doit-on comprendre qu’en vous appelant papi on libère en vous une vague de bienveillance ?
Duom Nil’ Erg : Essayez… Je cours le marathon, mais je suis aussi champion vétéran toutes catégories de boxe thaï…